Arkorn VS Sakutei : Pour une poignée de phallanges

C'est au fond. Quelque part au milieu des souches mortes et des arbres déformés. C'est de là que provient le chant rugissant. Une mélopée sauvage secouant la sève et le sang des êtres vivants qu'elle pénètre, agite et déchire. Les laissant haletant, l'esprit plein de hargne. Un elfe poétique au nom imprononçable aurait sans doute trouvé quelque chose à en dire. Probablement quelque chose de ridicule qui ferait rimer étrange avec louange. Heureusement les coeurs tendres n'ont pas droit de cité ici. Leurs ossements garnissent l'humus spongieux tapissé de mousse au sein duquel les racines avides pompent leur subsistance.

Une bourrasque soudaine mugit entre les arbres. Les ossements pendus aux branches cliquettent dans le vent. C'est un appel. Un rongeur inquiet relève la tête, regarde derrière lui et se fait happer par une mâchoire furtive. Le craquement de son squelette fragile s'ajoute à la danse macabre. Un pas hâtif s'enfuit dans un bruissement de feuilles mortes. La complainte du vent reflue.

Bienvenue dans la clairière du défi. Les intrus seront croqués, les survivants seront dévorés. C'est du moins ce qu'on peut lire sur la petite pancarte à l'entrée. Sakutei s'en cogne, pas tellement porté sur les avertissements. Piétinant sans vergogne un rond de pâquerettes, il dégomme un petit renard qui musarde par là, pour le simple plaisir de la chose...et à titre d'échauffement.
Entièrement cuirassé à la mode nippone, il s'avance au centre de la clairière. Les plaques de bois vernissé qui recouvrent ses bras et ses cuisses crissent légèrement lorsqu'il se penche pour saisir une poignée de terre. Son casque d'acier lui tombe sur les yeux, il le relève d'un coup sec avec le pouce. Saleté.
Le wakizashi coulisse en sifflant comme un reptile lorsqu'il le tire de son fourreau. Avec une certaine cérémonie, il appose le tranchant contre sa paume et se lacère le creux de la main d'un coup sec avant de rengainer son arme.
Le sang se mêle à la terre noire. Il malaxe la substance poisseuse tout en murmurant ce qui semble être une invocation.

- Alors la bleusaille ! On cherche la bagarre ?

Ah non tiens, c'est juste de la provocation de taverne.

- Tu m'a appelé Sakutei sama (comme c'est poli de ta part), je répondrai donc à tes attentes. Maintenant, amène ton lard que j'y fasse quelques entailles. Le renard croque, les os claquent, vient te faire bourrer le pif histoire que je suspende tes molaires aux arbres centenaires !

Bombant le torse, le gaillard en armure se martèle le pectoral en un geste de défi avant de s'apercevoir qu'il salope complètement sa tenue avec le sang qui dégouline de sa main.

- Et merde fais chier... Se léchant la main comme un bambin terreux, il reprend sur un ton moins hargneux. Arkorn, oh Arkorn.... il n'y a rien de plus misérable qu'un FG qui craint le gourdin ! Mais je me sens d'humeur éducative et j'accepte de te guérir de cette affliction. -Slurp-. Alors maintenant écoute bien, voici les règles de notre duel :

Notre démon de garde se chargera de compter les coups. A chaque réponse que tu lancera, tu invoquera le Dice Master en cliquant sur "Lancer de Dé" (en bas juste au dessus de "options", prendre à droite après le brasier et dérouler le plus en chevauchant adroitement la souris) et en tirant un jet de D6. Le tirage donnera la tendance :

1 - 3 : le prochain post me sera favorable
4 - 6 : le prochain post te sera favorable.

Le duel se terminera lorsque l'un de nous deux aura réussi trois actions favorables à la suite ! Es tu prêt ? Je te laisse relever mon défi avant d'attaquer !

Là dessus, il croise les bras et patiente.

Il lui fait le coup du regard sévère pour saluer son arrivée parce qu'il n'a pas grand-chose d'autre à faire pour le moment. De son coté, Arkorn déblaye le terrain. Sa petite pique résonne encore sous la voûte boisée. Hé hé, il a langue bien pendue…est-ce que le reste va suivre ? Ce ne serait pas la première carcasse oscillant dans le vent que verraient les vénérables aux écorces éraflées par les combats répétés. Sakutei se gratte la nuque. Ce foutu casque lui démange le crâne. Bon. La suite du programme n'a pas de raison de jouer les timides plus longtemps.
Relavant les yeux sous sa visière, le guerrier esquisse un sourire malsain. Sa main rugueuse tapote négligemment la garde de son wakizashi.

- J'emporte toujours mon couteau pour aller pique-niquer. Ma spécialité c'est de tartiner.

Rutilant dans son attirail ébène et vert (et tout content de l'être), il se cambre légèrement pour mieux lui montrer ses dents. Une espèce d'animal à mi chemin entre la chouette effrayée et la chauve souris-à-crête-de-punk pousse un criaillement moqueur. Les épaules cuirassées de Sakutei s'affaissent un brin. Il mâchonne un juron à l'attention de la faune locale qui ruine ses effets et renifle un coup.

- Joli swing…et jolie canne. Voyons si tu sais t'en servir.

Un pas en arrière, le buste légèrement tourné. Sakutei dégaine son sabre court et le porte à l'horizontale devant son regard. La lame froide s'anime aux reflets des torches crépitantes disposées à la ronde. Un coup de vent plus intrépide que les autres fait danser les feuilles mortes entre les deux combattants.

- C'est une belle soirée pour suer !!

Une dernière inspiration à s'en faire vibrer les narines, un claquement de langue. Sa botte écrase une motte de terre. Il s'élance, la pointe de sa lame dardée au dessus de son casque comme un aiguillon de scorpion. Un de ses rares moments de classe…eh, il faut bien impressionner un peu les nouveaux. Son bras droit s'abat brutalement, plongeant avidement vers la poitrine de son adversaire.

Une prise de lame ! Mais Arkorn est essoufflé, il papillonne. Continuer serait absurde et mortel. Même si l'un dans l'autre ça ne déplairait pas à Sakutei, il faut bien admettre que ce n'est pas ... heu. Ah pas classe ! Le luxe d'épargner son adversaire, c'est un truc de fraternité ça.

- Fin du casse beigne.

Sakutei recule d'un pas...puis s'avance et penche la tête. La frénésie du combat persiste comme des lambeaux brume électrique s'accrochant à des pics rocheux. Il ressent toujours la pulsation tribale qui cogne sous sa poitrine mais parvient à la canaliser.
Son regard rougi va des armes aux armures, puis des chairs aux os. Le sang s'écoule de leurs mains à tous les deux maintenant. Corps à corps rapide mais intense qui fait perler la sueur et brûle la gorge.

Le gourdin est tombé à terre. Hum. Le guerrier se penche et le ramasse. Accroupi devant son adversaire vaincu, un léger sourire étire ses lèvres. Il soupèse l'instrument puis le pose sur ses cuisses. Son sabre retrouve son fourreau, il déboucle la jugulaire de son casque et l'envoie valser en arrière. Puis, attrapant la jeune recrue par le poignet, il plaque sa paume contre la sienne. Les liquides rouges se mélangent, unique fluide vital qui relie toute créature vivante (ou presque).

- Frère de sang. Maintenant tu peux arrêter de m'appeler maître...sinon la prochaine fois, je te larderai les tripes. Mouahaha !

Tout cliquetant, il se relève et s'étire une ou deux fois avant de tourner les talons. Juste avant de quitter la clairière, il lance par dessus son épaule :

- Parce qu'il y aura une prochaine fois !

Là dessus il trébuche sur un buisson, se mange un tronc et disparaît sur un dernier juron. L'image de la cognerie humaine.