Oneiros vs Sak : Blam !

Flying Sak à Sapin Messages : 179 Date d'inscription : 15/04/2009 Age : 39

Ça a commencé par un grand éclair orangé. Juste avant les sifflements, les exposions en séries et les chuintements à déchirer les tympans. Du panache mine de rien. Fonctionnel et classe. Aérien, beau, élancé, il y a définitivement quelque chose de fascinant dans la contemplation enflammée d'un busard en train de s'écraser.

Il s'est crashé comme une merde soit dit en passant. Juste parce qu'il a effleuré le mauvais levier en voulant réaxer le gyroscope qui passait sous la sangle jumelée aux ventilostats du circuits de compression… Enfin quoi, il a pas trop pigé ce qu'il a bricolé jusqu'au moment où les tuyères se sont mises à vomir des flammes.
Là c'était le signal. Mieux qu'un voyant rouge, mieux qu'une sirène déchaînée, bien mieux même qu'une horde de nains braillards agitant des panneaux "danger". Se faire cramer la couenne, comme moyen d'alerte, on peut pas imaginer mieux. Personne n'ignore un problème quand une inquiétante odeur de cochon grillé monte de ses mollets.

Nan on peut pas imaginer mieux...

Ni plus con d'ailleurs, que de faire crasher son aéronef, globalement en loupant un ajustement de rétroviseur. Mais il faut admettre que ça a eu de la gueule. Et que justement, tout feu tout flamme, il en a eu plein la gueule.

Maintenant, Sakutei s'extirpe de la carcasse fumante du busard et se relève avec toute la dignité que peut rassembler un cartographe tombé par une nuit parfaitement claire. Le trou du toit laisse entrer la clarté moribonde d'une lune moqueuse. Mais il se permet de l'ignorer superbement.
Il époussette sa veste d'uniforme grise-cramée et fait quelques pas sur un plancher copieusement grinçant. Son visage arbore deux ronds d'une propreté incongrue autour des yeux lorsqu'il relève ses lunettes sur le front. Il cligne des paupières, secoue la tête, encore un peu sonné par la déflagration infernale.
Il faut bien admettre qu'il a l'air complètement ahuri. Mais digne malgré tout, bien droit dans ses bottes fourrées mouton avec son pantalon brûlé jusqu'à mi-mollet qui laisse voir une paire de gambettes pas très bronzées.

Alors voyons… du vieux bois sous les semelles, des dorures timides au plafond et des sièges. Des rangées de sièges. Une salle mangée d'obscurité qui ne laisse voir que des sièges mités. Y'en a tellement qu'il ne peut pas tous les voir. De ci de là, des rideaux avachis, des poutres amollies, des costumes déversés hors d'une malle en osier...
C'est un théâtre. Un endroit qui a connu de meilleures nuits. Un endroit dévolu à la délicatesse. Aux atmosphères réchauffées par des rires de gorges, des mouvements satinés et des froufrous indécents... Autrement plus feutrée comme ambiance que celle d'une explosion par les combles.

Il relève la tête et renifle bruyamment.

- Hmmmmm.

Joli trou. Mais il a un peu l'impression d'avoir éventré le velours avec du gros plomb. Comme un séducteur amateur qui voudrait ravir la reine du bal à l'aveugle en faisant rimer jupon avec guidon. Pas subtil. Exactement ce qu'il lui faut.

Mais alors si c'est un théâtre abandonné, il y a forcément locataire. Et locataire devrait pas être jouasse de voir l'autre à terre, en train de piétiner son parterre avec des bottes faites pour tutoyer les hauteurs. Il sourit impudemment. Qu'importe la gueule de bois du moment qu'on a l'ivresse !

Flying Pin Up Tree Messages : 19 Date d'inscription : 15/04/2009

Ça a commencé par un grand éclair orangé… et puis la nuit. Il y avait dans ces explosions le souvenirs brûlant du temps ou Londres était assiégé. Ce temps où la ville se drapait dans des draps d’ombres en espérant que ses multiples amants Nazis ne viennent pas lui donner un coup de Jarnac dans son sommeil. De la beauté aussi. Mais surtout c’était comme de recevoir une leçon de Dame raison vous expliquant d’une voix chaude et envoûtante que l’homme n’est pas fait pour conquérir les cieux et que comme Icare, chaque tentative est vouée à s’achever sur le plancher des vaches. Plancher qui était ici celui d’un vieux théâtre qui avant les sizains de l’aéronef n’avait pas du entendre de poésie depuis que la fin du monde avait posé ses alexandrins, avec dédain.

Ça a commencé par un grand éclair et puis ? Trois coups, pour annoncer l’entrée en scène des acteurs. Ces fameux trois coups. Un pour la fin du monde, deux pour la survie, trois pour la tempérance. Un pour le spectacle, deux pour l’argent, trois pour le cailloux. Acte I, scène I. Personnage : Le pilote de l’aéronef en monologue. Lieux ? Un théâtre. Action : L’aéronef s’écrase et les spectateurs sont ébahis devant une technologie si pure, si racée et si détruite. Le reste ce sont que des paroles, des râles étouffées par le soulagement d’avoir survécu, la stupeur d’avoir atterris dans l’antre de Ionesco et surtout l’inquiétude de ce qu’il allait y trouver.

Mais que trouve-t-on dans un théâtre abandonné ? Des malles avec des rêves oubliés, des fringues de gens qu’on aurait voulu être… Des fauteuils pour reposer sa réalité, des rideaux pour faire patienter les rêveurs et… Surtout, surtout : De mauvais acteurs.

Ce qui nous mène directement à L’Acte II, Scène II. Personnage : Le pilote de l’aéronef écrasé. Un mauvais acteur oublié, le genre qui avait opté pour une vie de bohème, mais n’a trouvé que des problèmes.
Action : L’acteur entre en scène, marchant lentement sur des poutres comme un équilibriste. D’un côté le vide, de l’autre le vide… Et pareil au-dessus de lui où se dessinait ; au travers de la fumée et du toit défoncé ; la constellation du Serpentaire. A moins que ce ne soit Orion ? L’acteur n’en avait jamais été très sûr et puis il était moins précis depuis qu’il avait sombré dans l’alcoolisme.

- Je penses qu’on va se passer de répétition pour cette fois là, le nouvel acteur ne semble pas avoir besoin de plus s’échauffer…

Fin de l’acte II. Reprenez les mêmes acteurs et les même positions pour l’acte III, virez quelques spectateurs perdus en cours de route et le spectacle continue. Un homme en bas, un autre en haut, quelques paroles comme pour relier la lune et le soleil : Vaines. Quelques pas encore, plus hasardeux, sur la poutre et puis l’homme vacille, s’agite, tournoie et puis choie enfin. Il était plume, il était morceau de nuage qui s’écrase, comète qui file dans une allée… Il était…

- Ah… Bordel de merde, que ça fait mal !

Il était l’homme qui avait voulu tomber sur un matelas mais s’était raté lamentablement. L’histoire de sa vie : Celle d’un homme qui n’hésitait pas à se lancer mais sans jamais assurer ses arrières. En chutant il souleva un nuage de poussière qui vint se mêler à celui de la honte et du ridicule. Un nuage âcre et grisonnant qui tourbillonna jusqu’aux étoiles. C’était une belle nuit, vraiment. Propice à la poésie et encline à la décrépitude, comme savent l’êtres les grandes nuits.

- Je vais bien, je vais bien !

L’homme roula sur le plancher du théâtre et se rétablit péniblement, s’empêtrant dans sa dignité offensée et sa cape déchirée en plusieurs endroits. Son visage était couvert de poussière et ses mains encore couvertes de scories de rêves morts prématurément. Il avait les cheveux en vrac et l’attitude désinvolte de l’acteur n’ayant plus rien à perdre puisque tout avait déjà été joué.

- Tu es doué pour les entrées ! Je t’ai vu de loin… Tomber du ciel, à travers les nuages… comme un oiseau sauvage… Mais dis moi : Es-tu tombé du lit fauché en plein rêve ? Car je dois te dire que je compte être le glaive qui frappe comme le réveil !

Vous comprenez ce que ce type raconte ? Non ? Et bien moi non plus, mais c’est à ça qu’on reconnaît les grands artistes.

- Mais peut-être as-tu été chassé par les anges, du paradis originel ?

En distribuant ces quelques mots énigmatiques comme de la nourriture à des cochons il avait vaguement réussi à rajuster sa cape, de manière à ce que celle-ci cesse de charrier la poussière pour plutôt dissimuler son corps cagneux de la nuit et de son adversaire. Il restait des morceaux de démence dans ses yeux, comme un homme qui aurait vu la fin du monde. Deux fois. Et y aurait survécu. Une fois.

- C'est fou c'qu'on peut voir tomber, quand on traîne sur le pavé… Les yeux en l’air et la semelle battant la poussière !

Dans la nuit deux seigneurs se retrouvent, deux acteurs aux capacités multiples et infinies. Ils n’avaient plus le plafond de la raison au-dessus de la tête. Ils n’avaient que les étoiles. Ces étoiles qui depuis la nuit des temps contemplent le chaos assourdissant.

Deux seigneurs qui aurait pu s’entendre, échanger pour que ce théâtre renaisse de ces cendres ; monter une pièce avec des princesses et des Rois. Mais ils n’en avaient rien fait, laissant les princesses et les rois aux conteurs, à Eschyle et à Shakespeare.

Oui, au milieu de nul part, sous la voûte explosée percluse d’engins volants : Ils avaient fait leur choix et savaient déjà comment ça allait se finir.

Mal.

(Je prend les chiffres impairs, genre au hasard : 1/3/5 ! A toi la beauté et la rigueur des chiffres pairs !)

Dice Master Messages : 55 Date d'inscription : 15/04/2009

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Flying Sak à Sapin Messages : 179 Date d'inscription : 15/04/2009 Age : 39

Le nez encore levé, il éternue sous une poudreuse de poussière lorsqu'une forme en tapinois vient subrepticement lui taper la noix d'une voix encore plus râpée qu'une vieille lanière de cuir.

Enfin lui taper la noix… il aurait directement pu dire "briser les noix" mais il ne faut pas non plus brûler les étapes. Face à l'inconnu, on commence par se taper, avant de se battre et finalement peut-être de se briser. C'est un principe fondamental. Par exemple, en aéronavigation, on commence par taper sur tous les boutons, ensuite on se bat avec les leviers et on finit par se briser aux pieds des anciens dieux de ce monde. Dans ce théâtre. Là, tas de boulons répandu devant un parquet de sommités statufiés de chaque côté de la scène sous les traits d'angelots rieurs, de muses lestes à peine vêtues et autres allégories en plâtre. Et puis voilà que surgit Arlequin, tout en cape et en jeté.

Très beau le jeté. Plongeons vertical avec un arrêt craquant qui laisse perplexe. Mais ça ne change rien ! The Show Must Go On ! Il se redresse, l'escogriffe et entreprend de jeter le gant. Mais un genre de gant qu'on aurait reprisé en plusieurs endroits. Avec des ajouts aussi inattendus qu'un carré de tweed rouge sur un satin blanc. C'est de la provocation désordonnée, brouillonne. Un peu poussiéreuse, à l'image du gaillard, et très contorsionnée.

A un moment, le pilote, l'as du désastre se met à bouger les lèvres en cadence comme pour soulager l'effort. Pour participer à l'accouchement de ses syllabes ponctuées d'exclamations vitupérantes !

Et puis il se dit que tout ceci n'a aucun sens. Il s'écrase dans un déluge de feu et d'acier surchauffé, respire un air qui n'a pas bougé depuis 100 siècles et subit tout aussi sec l'assaut verbal d'un anonyme des décombres.

Alors Sak, pas frileux des verves incohérentes relance coup sur coup.

A son juron il répond :

- Tjo ! Ce qui manque de mordant.

A sa question il rétorque :

- J'avais un réveil moi aussi, mais il s'est cassé quand j'ai voulu lui appliquer une contrainte de trop. Curieux comme les remontoirs ne s'adaptent pas aux coups de savate. Et pourtant, je ne connais rien de mieux qu'un coup de botte dans l'arrière train pour se réveiller ! Ce qui manque de cohérence. Et au passage, on s'en cogne.

Et à son ultime bravade, il se contente de piaffer :

- Ne dit-on pas que le châtiment vient toujours d'en haut ? (Il lève les deux mains, façon théâtrale bien sûr). Il fut un temps où on était plus civilisé, on se contentait de vous péter les rotules et on vous laissait là, la gueule ouverte sous les étoiles à… Aaaaaaahmmmph !!

Voilà, ça, ça aurait pu être pas mal comme mise en bouche si l'autre encapé n'y avait pas ajouté son poing. Vlan dans les dents. Les molaires qui s'entrechoquent, la langue qui couine et se ratatine. Pris par surprise au moment où il pensait se faire un genre de duel d'éloquence, Sakutei se retrouve à mouliner des bras pour retrouver l'équilibre après cet übercut noueux. La vache ! Il se masse la mâchoire, sautille d'un pied sur l'autre et étrécit les yeux plus étroitement qu'un Clint du bois de l'est.

- Fistule… t'as que des os là dedans où t'y garnis un peu de plomb de temps en temps ?

Sérieusement, un type filiforme comme ça qui sent l'alcool à distance, y'a qu'un surnom comme fistule pour coller au miasme.
Sakutei longe maintenant la scène dans l'autre sens. Le plancher répond en musique. Concerto pour lattes en grincements mineurs. Il remonte son ceinturon de la Société des Aéronautes Aguerris et se penche légèrement en avant, les bras en garde basse.

- T'as pris l'avantage de la politesse. Mais j'vais te renvoyer aussi sec écouter chanter les anges, le sonneur. Il va racler le chêne avec ses incisives le gugusse de l'entracte.

Pour la forme, il se fait craquer une poignée de phalanges et parvient même à faire semblant de sourire. Et puis manière de préambule, l'aéronaute déchu dénoue son écharpe de laine qui gratte et l'enroule autour de son poing droit. Il en attrape une extrémité de l'autre main et s'avance d'un petit bond de prédateur.
Bougeant à droite, puis à gauche, il tente la prise à la trachée, pour garrotter avec son écharpe malgré la distance. L'étrangler directement, sobrement et proprement, jusqu'à voir sa langue lui jaillir du gosier. Approche brutale, manière de signifier à cet auguste empaffé que l'Icare cramé donne pas dans le macramé, ni dans la dentelle d'ailleurs.

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Flying Pin Up Tree Messages : 19 Date d'inscription : 15/04/2009

Acte III
L’acteur se fait étrangler.
Entre le chœur.

Le Chœur :

"Il a besoin de conter ses peines à son ennemi supposé…
Avant de l’étrangler ; d’étouffer la passion, la force le temps et l’occasion.
Tout ce qu’il resterait à l’acteur oublié
C’est ineffable douleur d’un échec annoncé.
Il aurait bien voulu sortir.
Ça aurait du être le moment de sa sortie,
Celle de son triomphe, des applaudissements et des rires ;
Le temps où les roses lasses de pousser se jettent sur la scène pour venir mourir à ses pieds.
Il aurait aimé que les choses se passent autrement.
Que des femmes, en attroupement viennent dans sa loge pour,
Elles aussi, mourir à ses pieds.
Mais non. Les choses ne se passent jamais,
Jamais comme vous l’avez souhaité."

Le chœur est bancal et aligne ses vers sans savoir-faire ; comme des ombres tresseraient des poèmes à l’encre de la poussière. Comme si on avait prit les poutres de bois pour écrire dans le ciel étoilé « Il n y a rien à voir, tu vois »… Et qu’ensuite on s’en était servi pour creuser la tombe du Dandy, mauvais acteur, tombé du ciel.
Et là, maintenant qu’il étouffait, la seule chose qu’il avait en tête c’était son épitaphe. Il lui fallait quelque chose de fameux, d’épique et qui en dise long sur le personnage. Quelque chose comme « Ci gît un homme et avec lui, le cœur de milles femmes » ? Ou peut-être « Ci gît celui qui a milles films dans sa filmographie et deux milles femmes à son tableau de chasse »… Ce qui était un peu long. Disons donc « Ci gît l’insatiable ».

Oui c’était pas mal ça.
Insatiable créature qui n’avait pas su gérer sa carrière. Qui n’avait pas su se contenter de l’amour de ses fans, des pièces qu’on lui proposait. Ce n’était jamais assez. Il voulait plus de femmes, plus de pièces, plus d’actes et de drames. De larmes. Qu’on lui donnait du Shakespeare et il voulait du Tchekhov. Donnez lui une mouette qu’il voulait des du non-sens. Alors vous consentez à lui donner un château qu’il exigeait des drames norvégiens.

C’est à ce moment où vous réalisez que ce n’est qu’un vieux con et qu’il faut le virer. Ce que vous faites. Et c’est ainsi que vous vous retrouvez avec ce poète maudit déambulant et, surtout, sur le point de mourir.

Le point de mourir.

Du coup on refait le film inverse de sa vie. On remonte sur la poutre, on repart en marche arrière, l’aéronef s’envole, les étoiles se décrochent. C’est beau. Et…

- Je peux plus respirer… je peux plus… respirer…

Effectivement il ne pouvait plus respirer, et les mains de son adversaire ne faisaient que se resserrer un peu plus sur sa gorge, tandis que les secondes se faisaient aussi lentes que son souffle. Il n y avait plus de musique, plus de paroles et les aéronefs en fond sonore avait arrêté de bombarder la ville. A croire que la guerre, le monde, s’étaient arrêté pour l’écouter rendre son dernier souffle, mourir dans l’oubli après avoir vécu dans l’adulation. C’était comme si l’Univers et toutes les formes de vie avaient décidé de marquer le coup en lui offrant une minute de silence.

Il était maintenant rouge comme les joues d’une pucelle qu’une émotion puissante viendrait chatouiller.
A la réflexion il était même violet, comme les sous vêtements de ces mêmes pucelles, après qu’elles se soient laissées chatouiller par autre chose qu’une émotion puissante.

Violet…
Incapable de réagir…
Et Violet…Même s’il l’avait déjà dit.
C’est pas de sa faute, c’est son cerveau qui commençait à ne plus être oxygéné.

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Flying Sak à Sapin Messages : 179 Date d'inscription : 15/04/2009 Age : 39

On ne ressasse jamais assez qu'on peut rester marron, même là, à serrer du violacé. On peut se prendre une pêche, une orange et rester gris sur le carreau à collectionner les bleus. On peut aussi voir rouge et manquer de rire jaune en considérant que tout ça vire au vinaigre.
C'est quand ça foire qu'on se marre paraît-il. Ou bien était-ce… "c'est à la foire qu'on bois la mare ?".

Bref, j'en ai marre, marabout, bout de ficelle… m'aimes-tu jean ? Le bon Sakutei en train de tortiller gaillardement l'étoffe autour du haricot sec qui sert de gorge à l'apostropheur du soir commence à suer à grosses gouttes sous l'effort.
Et voilà, c'est presque boooooon. Il serre encore un peu. L'autre gesticule à peine. Il se laisse finir comme une vieille baderne trop usée pour mériter une épitaphe plus inspirée que "je ne peux plus respirer". Ça manque d'air hein ? Pas très gonflé comme requiem.
Le pilote tombé en torchère n'a pas l'âme d'une lingère. Essorer, c'est pas son apostolat. Il aimerait bien se soulager les omoplates deux minutes et se gratter la nuque. Bon, le gredin tombe à genoux, c'est bon, il l'a terminé.
Il relâche la pression. Oh à peine, pas de quoi remettre un cheval debout… mais juste assez pour laisser filtrer un mince filet d'air. Ce vieil air de théâtre. Cet aria en somme. Pas un grand air quoi.
Mais la décharge brutale dans le cerveau de sa victime s'exprime tout aussi brutalement. Il convulse l'escroc ! Il griffe l'escogriffe ! Il chasse l'échalas ! Sakutei se fait charcler le visage d'une main crochue.

- Putain de gigogne ! Tiens toi tranquille !

Il resserre sa prise mais le mal est fait, l'autre se déhanche au point de lui faire perdre l'équilibre. Ils tombent tous les deux à terre, l'enserreur et l'enserré en train d'essayer mutuellement de se dégager. Sakutei serre les dents, les fesses, les coudes, les genoux. Il se craque les doigts et refuse de lâcher prise.
Mais son adversaire dramatique a pris le mors aux dents ! Il reçoit un coup dans le ventre (probablement sans le faire exprès). Estomaqué, vidé de son air, il débaroule de son grand cheval et roule dans la fosse au pied de la scène.

Comme quoi on peut toujours tomber plus bas. Il embrasse le vieux tapis rouge douteux, déloge un cancrelat et tousse quelque chose de gras avant de jurer comme un horloger de la rue Quinquenpoix :

- Rah la dèche ! Y'a fallut que je me démanche encore dans un trou ! Pourquoi tu veux pas rester de marbre le temps que je t'entortille la nuque tranquillement hein ? Vieille pierre ! Faut-il donc encore que jeunesse se casse ?!

En fait il est pas tellement jeune. D'ailleurs là, gris de gravas, pris dans les débris, il fait un peu papi. Mais il se relève aussi sec, empoigne les bords de la scène d'un air fou fanatique et s'apprête aussi sec à y remonter pour rentrer dans le lard de cet impénitent !

*Mugissement de mufle mathusalemite*

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» Tyni la terrible vs Oneiros le mystérieux
» Tyn Versus Oneiros Elfe ethylo-dépendante